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L’Harmonium indien

Posté le 18 octobre 2023

L’Harmonium indien

Si vous aimez les chants de mantras indiens, alors vous connaissez le son de l’harmonium indien, qui possède une couleur sonore inimitable, envoûtante grâce à la chaleur de la vibration de ses lames en laiton.

C’est un instrument facile d’accès, on pourrait dire semi intuitif, car il se joue avec une seule main, l’autre actionnant le soufflet. Nous donnons des cours d’harmonium depuis de nombreuses années et même des personnes qui ne connaissaient rien à la musique au départ sont devenus rapidement capables de se faire plaisir en jouant et chantant des mantras, des kirtans indiens.

Caractéristiques de l’instrument

Il s’agit d’un instrument à anches libres comme l’accordéon ou l’harmonica c’est-à-dire que le son est produit par la mise en vibration d’une ou plusieurs lames de laiton qui oscillent librement dans leur socle, au passage de l’air qui emplit l’instrument lorsqu’on actionne le soufflet.

La beauté et la chaleur du timbre de l’instrument viennent de la fameuse matière des lames vibrantes : le laiton. Historiquement en occident on utilisait ce matériau, avant qu’il soit remplacé par des lames en acier, ce qui a changé profondément le timbre des instruments tels que les accordéons.

Dans un harmonium, l’appui sur une touche va déclencher la vibration d’une deux ou trois lames en même temps. Cela permet de classifier les harmoniums en une voix, deux voix ou trois voix. 

Les instruments à une voix sont légers, de facture médiocre la plupart du temps et couvrent une tessiture médium. Nous avons arrêté de les commercialiser car ils posaient trop de problèmes de maintenance. Ils se déréglaient sans arrêt. 

L’harmonium à deux voix dispose de deux rangées de lames : une à l’octave grave et l’une à l’octave médium.

Quant à celui à trois voix, on lui ajoute une rangée de lames à l’octave aiguë.

Certains harmoniums sont contenus dans une valise. Pour en jouer, on enlève le couvercle en bois et on déplie l’harmonium qui est à l’intérieur. Cela ne change pas la qualité de la facture de l’instrument. C’est dans le but de le rendre facilement portatif et en toute sécurité. Il faut savoir que le poids moyen d’un harmonium indien est d’environ 8 kilos. C’est lourd, tout en restant transportable, notamment en utilisant un petit « diable » comme on en trouve pour transporter les courses.

Il existe aussi un harmonium dit transpositeur qui sert beaucoup pour le chant de bhajans ou de qawallis. Le clavier repose alors sur un ruban qui permet de le déplacer . C’est très utile pour transposer une mélodie sans avoir à changer de doigté. Si vous savez par exemple jouer une mélodie particulière et que pour une raison ou une autre vous désirez jouer cette mélodie plus grave ou plus aiguë, il suffit de déplacer le clavier et ainsi de changer la hauteur des notes. 

De plus, il y a sur ces harmoniums une tirette qui permet de dédoubler les notes à l’octave, permettant d’entendre six lames vibrer ensemble au lieu de trois. Cela donne une très belle ampleur au son, un effet « orgue ».

Pour aller plus loin dans la connaissance de l’harmonium

On pourrait dire que l’harmonium possède deux vies, à la fois sur les plans historique et géographique.

Une première vie l’a vu remplacer le serpent du 18ème siècle ainsi que l’ophicléide dans les églises, pour soutenir les prières chantées. Le précurseur de l’harmonium est l’orgue-expressif, inventé au début du 19ème siècle par G. J. Grenié. Celui-ci s’inspira probablement de très anciens instruments à anche libres de l’Asie, tels que l’orgue à bouche ou la guimbarde. Le brevet de l’harmonium fut ensuite déposé par le français Alexandre-François Debain en 1842.

L’harmonium classique se présente sous forme d’un instrument de grande taille à clavier, qui se joue assis, et dont la soufflerie est actionnée par deux pédales. Son principe musical, identique à celui de l’accordéon ou de l’harmonica, repose sur l’utilisation d’anches libres en laiton et d’un soufflet qui fournit l’air nécessaire à l’émission du son.

Apparaît ensuite le guide-chant, très répandu pendant la seconde moitié du 19ème siècle et couramment utilisé jusque dans les années 1960. Ces instruments de taille beaucoup plus réduite, facilement transportables et que l’on peut poser sur une table, sont notamment employés dans les écoles pour donner l’intonation lors des cours de chant ou de musique. La soufflerie des premiers modèles est déclenchée par un levier en bois placé sur le côté gauche de l’instrument, que l’on actionne de haut en bas. Ces instruments sont surtout connus sous l’appellation “guide-chant Kasriel”, tirée du nom de la marque qui les fabriquait. Cette fabrique d’instruments créée à Paris en 1839 par Louis Maurice Kasriel s’éteignit 150 ans plus tard.

À partir de 1960, la soufflerie passa de manuelle à électrique, avec un système de ventilateur qui libère ainsi la main gauche et permet de jouer à 2 mains. D’autres modèles avec une caisse en métal voient aussi le jour.

Nous arrivons alors à la deuxième vie de l’harmonium.
Du fait de la présence occidentale dans les Indes, des harmoniums de type Kasriel arrivent dans ce pays où la culture musicale ignore la gamme tempérée. Curieusement, l’harmonium y acquiert une popularité énorme dans une utilisation à la fois pour les musiques populaire, classique et dévotionnelle.

Pour comprendre la différence entre les musiques indiennes et occidentales, il faut savoir qu’en Inde le plus petit intervalle de son audible par l’oreille humaine est appelé shruti. Un total de 22 srutis existe en musique indienne. Compte tenu de la difficulté qu’il y a à percevoir un si petit intervalle pour un musicien amateur, une autre unité de son a été créée : le swara. Il existe 7 shudha swaras (notes pures) : Sa, Re, Ga, Ma, Pa, Da et Ni qui correspondent à notre gamme Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La et Si. On mesure ainsi la simplification extrême que l’apport de l’harmonium occidental à la musique indienne a généré.

Pour revenir à l’histoire de la fabrication de ces instruments, dans un premier temps, les instruments sont faits en Europe puis exportés en Inde une fois finis. Pour l’anecdote, nous avons un jour vu dans le vieux stock d’un magasin de musique français un petit harmonium en acajou, datant probablement des années 1920-1930, signé Kasriel et portant un médaillon “Calcutta”, destiné à être envoyé là-bas, et qui pour une raison ou une autre était resté en France.
Devant l’engouement des indiens pour cet instrument alors même qu’il tombe en désuétude en Europe, où il est progressivement remplacé par les orgues électriques dans les églises et les écoles, l’harmonium va ensuite être construit directement en Inde sous licence Kasriel, pour finir finalement aujourd’hui comme fabrication exclusivement indienne et pakistanaise.


S’il existe des modèles à pédales repliables, l’immense majorité de ces harmoniums indiens se joue par terre à même le sol, car les pédales ont été remplacées par un soufflet manuel. Ce soufflet s’actionne à l’arrière de l’instrument, avec la main gauche, tandis que le musicien joue la mélodie de la main droite. En effet, la musique indienne n’utilise pas d’accord harmonique, ce qui permet de libérer la main gauche pour le soufflet. À l’écoute de certains enregistrements réalisés par des virtuoses de l’harmonium, on peut d’ailleurs difficilement imaginer que le musicien joue d’une seule main !


À l’heure actuelle, en Inde et au Pakistan, l’harmonium est utilisé à la fois dans les écoles, les ashrams (ermitages spirituels) et la plupart des foyers (on dit parfois que l’on trouve un harmonium dans chaque foyer indien). Il sert à soutenir à la fois les chants dévotionnels de groupes (kirtans) et les poèmes dévotionnels chantés en solo (bhajans) de la tradition hindoustanie ; et du coté musulman il permet d’embellir les qawallis, hymnes dédiés à Allah (écouter par exemple Nusrat Fateh Ali Khan, très connu en France).

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